Par Eric RAIMONDEAU Urbaniste OPQU
La presse se fait l’écho, ces derniers jours, des difficultés rencontrées par les étudiants qui suite à leur démarche pour une admission post bac (APB) à l’université se sont vus refusés toutes les options pour lesquelles ils s’étaient positionnés.
Résultat : à quelques semaines de la rentrée universitaire près de 60 000 bâcheliers sont sans affectation pour engager leurs études dans le supérieur.
Face à cette situation on se dit que l’on marche sur la tête. Au milieu des années 80 Lionel Jospin alors ministre de l’éducation avait souhaité que plus 80% d’une classe d’âge puisse accéder au bac. Cette orientation politique entrainait de facto le souhait pour tous ces jeunes, qui s’écartaient ainsi des autres filières tel que l’apprentissage ou la filière technologique, après leur réussite au bac d’aller à l’université.
Mais, comme souvent, l’Etat n’a pas su anticiper l’impact que cette décision politique allait générer.
A cela, il faut rajouter le boom des naissances de la fin des années 90 et du tout début des années 2000.
On voit donc là une nouvelle fois les carences dont l’état peut faire preuve de part sa rigidité et ses lourdeurs de fonctionnement. Dans les deux dernières décennies, il n’a pas su anticiper ce phénomène de saturation et, pour y faire face, n’a donc pas construit de nouvelles universités ou agrandi les existantes.
Pendant le même temps, et depuis la mise en place des lois de décentralisation, les collectivités territoriales ont construit de façon intensive pour mettre à disposition des élèves et répondre ainsi à l’augmentation constante du nombre d’élèves, des établissements performants et fonctionnels : les communes construisent des écoles primaires et maternelles, les départements des collèges, les Régions des lycés. Une nouvelle preuve que la décentralisation de certaines compétences, déléguées au plus près des territoires et mises en œuvre par des élus qui tissent une relation forte de proximité avec leurs populations, est beaucoup plus efficace.
On ressent de la tristesse pour tous ces jeunes et une impression de gâchis. Que vont faire tous ces jeunes qui vont rester sur le carreau à la rentrée de septembre?
Certes, il y a la possibilité de rejoindre une « grande école »mais il faut souvent déposer un dossier solide. De plus, il y a souvent des frais de scolarité élevés ce qui empêche les bâcheliers les plus précaires financièrement d’y accéder.
Mais derrière tout cela ce qui se profile c’est la sélection à l’entrée de l’université. Cette sélection éviterait certainement les échecs et les réorientations nécessaires des étudiants qui échouent et qui parfois rejoignaient l’université sans vraiment savoir ce à quoi cela aboutirait pour eux. Il faudrait aussi comme cela se fait à l’étranger un partenariat plus étroit entre les entreprises (et le secteur privé) Les entreprises trouveront ainsi un vivier de matière grise et de leur coté elles pourraient participer financièrement aux investissements nécessaires pour les développer et leur permettre de répondre aux enjeux futurs.
Une révolution des esprits que ce soit du coté du monde universitaire mais aussi du coté des associations étudiantes
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