Par Janine Bellante, Bernard Lensel, Eric Raimondeau. Publié dans la Gazette des Communes du 5 avril 2010.
Les urbanistes des collectivités territoriales françaises sont en colère. Leur accès à la fonction publique n’est plus en cohérence avec la déontologie de la profession. Les urbanistes de formation universitaire sont aujourd’hui poussés à passer les concours d’attaché territorial et n’ont plus accès au concours d’ingénier territorial option urbanisme.
Ils ne peuvent plus intervenir dans les parties opérationnelles et stratégiques des projets urbaines au côté des autres techniciens de la ville.
Pourquoi et qui en porte la responsabilité ? Les juristes, qui se penchent sur les statuts de la fonction publique territoriale, nous disent que l’urbanisme n’est pas assez scientifique ou technique pour faire partir des matières techniques pluridisciplinaires de la ville.
Ils ne semblent pas connaître notre métier : l’urbanisme est naturellement d’essence scientifique ; ses pères fondateurs (idelfonso cerda, camillo Sitte, Marcel Poete, Patrick Gedddes notamment) ont panaché les sciences exactes et humaines pour tenter de concevoir une ville soutenable et de prévenir le dérapage vers un urbanisme uniquement fonctionnaliste.
Certaines formations revendiqueraient un monopole sur l’acte urbain ? c’est négliger le fait que la ville est un lieu d’échange très riche et que sa construction est particulièrement pluridisciplinaire
Vous excluez une seule discipline et vous prenez le risqué de rater toute la ville. Le modèle urbain des années 60 a fait beaucoup de dégâts. La ville pensée uniquement comme une démarche technique a généré les grands ensembles des trente glorieuses dont on voit aujourd’hui l’impact sur la sociologie urbaine et la ghettoïsation dans certaines banlieues.
Alors pourquoi laisser les corporatismes plus ou moins rampants et cependant particulièrement vivaces (on croirait reconnaître un retour des privilèges de l’ancien régime) tenter un retour de la non-qualité urbaine ?
A l’heure où l’on tend à entasser un peu inconsidérément sans doute, jusqu’à 90% de la population du pays dans des conglomérats urbains, la responsabilité des dérapages corporatistes est intense, écrasante même.
Lire la suite de cette tribune avec le fichier PDF ci-dessous.
0 commentaires