Végétaliser pour rafraîchir la ville – 3ème EIEP Urbanistes des Territoires

9/10/22 | Chronique de l’aménagement urbain

Bordeaux – Les bassins à Flots @crédit photo Eric Raimondeau

La troisième édition de l’Ecole Itinérante des Espaces Publics (EIEP) créée par l’association Urbanistes des Territoires s’est tenue les 7 et 8 mars 2022 à Bordeaux et à Libourne. Les intervenants et les congressistes se sont penchés sur la nécessité de rafraîchir la ville en ces temps de réchauffement climatique.

Restitution des travaux de l’EIEP par Bernard Lensel, Eric Raimondeau, Virginie Sidorov, Urbanistes des Territoires.

Une trentaine de personnes, en majorité des personnes exerçant dans des services urbanisme et aménagement de collectivités territoriales, se sont retrouvées sur ces deux journées de formation dans une ambiance conviviale et studieuse.

Ils ont bénéficié de retours d’expériences au travers de présentations et de visites sur le thème de « végétaliser pour rafraîchir la ville ».

La journée du 7 mars sur Bordeaux, avec une organisation orchestrée par Emeline Dumoulin, a débuté par la présentation du projet ambitieux et emblématique des Bassins à flots. Ce projet d’envergure, porté par Bordeaux Métropole et imaginé par l’équipe de Nicolas Michelin vise à reconvertir les friches industrielles et portuaires en quartier innovant et dynamique.

L’après-midi a été consacré à la présentation des démarches autour du verdissement de la ville avec la trame verte et le permis de végétaliser. La journée a été clôturée par les visites des places Gambetta et Pey-Berland pour illustrer les interventions sur la ville patrimoniale, avec ses contraintes.

La journée du 8 mars a été organisée par Ingrid Voisin-Chadoin de la Ville de Libourne. La matinée a été l’occasion de présenter le partenariat avec le CEREMA sur l’« Elaboration d’un plan nature en ville », un projet de végétalisation d’une cour d’école par l’atelier CLAP Paysagiste et d’introduire les visites qui se sont déroulées l’après-midi.

L’après-midi, les participants ont ainsi pu découvrir le projet des quais et berges et la place A. Surchamp notamment.

De retour à la mairie de Libourne, l’EIEP a été clôturée par Nicolas Michelin qui nous a présenté sa méthode pour « faire la ville », selon des bonnes pratiques qu’il détaille dans son essai : « L’inconcevable : penser la ville après ». Il s’agit pour les professionnels que nous sommes d’être capables de réinterroger nos méthodes de travail et de changer de paradigme pour faire face aux immenses défis qui nous attendent.

Ces deux journées ont été particulièrement riches en découvertes et en échanges. Les thèmes abordés étaient parfaitement d’actualité et tous les participants ont pu se retrouver dans les préoccupations évoquées et être incités à approfondir le sujet. Virginie Sidorov en charge de l’organisation de cette édition avait pris les choses en main et avait réuni pour se deux jours des acteurs urbanistes. Ils nous ont fait des retours d’expérience dans le cadre de suivi de projets répondant au thème de cette édition à savoir « végétaliser pour rafraîchir la ville ».

Bordeaux, le projet urbain des bassins à flots : 

Le 7 mars 2022, environ trente personnes se sont donc retrouvés à Bordeaux dans les locaux d’A’URBA Hangar G2 sur le site d’une opération emblématique à savoir le projet urbain des Bassins à flots de Bordeaux Métropole.

C’est Bernard Lensel Président d’Urbanistes des Territoires qui prit la parole pour ouvrir et présenter le contexte cette édition. Ce fut ensuite le tour du directeur de l’agence d’urbanisme de Bordeaux.

Un projet urbain emblématique et ambitieux :

Les bassins à flots constituent un ensemble de bassin rappelant l’époque florissante de la marine en France notamment celle de la pêche artisanale et du commerce maritime ou l’activité était bouillonnante. 

Tombé progressivement en désuétude dans la seconde moitié du 20ème siècle, ce vaste ensemble portuaire était devenu au fil de ans une friche industrielle et quelque peu interlope.

Il constituait donc une réserve foncière importante certes avec un fort coefficient d’imperméabilisation mais avec des éléments de patrimoine qui seront conservés et mis en valeur dans le cadre du projet.

L’implantation de ce secteur est stratégique. Situé près de la ligne B du tramway mais surtout implanté en plein cœur du périmètre du secteur classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Dans la mise en œuvre de ce projet urbain, Bordeaux Métropole a cherché à innové dans les outils mis en place.

Après des études préalables, un plan guide a fixé les grandes orientations d’aménagement voulues par les élus.

Ce plan guide, pour un projet de cette ampleur permet de se projeter sur le moyen terme dans le cadre d’un urbanisme de projet négocié. Il aura vocation au fil du temps à pouvoir évoluer en fonction de l’opportunité des projets à implanter sur le site et de la nécessaire adaptation des règles. Il apporte donc aussi de la souplesse dans le temps dans le respect des grandes orientations intangibles d’aménagement.

Les bassins constituent la pièce centrale du projet d’aménagement. Ils ont désormais vocation à s’ouvrir sur la ville.

Crédit photo @Eric Raimondeau

Les quais font partie intégrante des espaces publics de la ville. Les invariants d’aménagement s’articulent autour des éléments que sont les bassins et les quais à savoir :

  • Définition de grands îlots constructibles,
  • Une implantation des constructions perpendiculaires aux bassins afin de greffer ce nouveau morceau de ville tout en l’ouvrant sur la trame urbaine existante,
  • Un réseau de sentes piétonnes qui convergent vers les bassins pour concevoir une ville des courtes distances,
  • Des règles de gabarit et d’implantation spécifiques pour aboutir à une forme urbaine caractéristiques de ce quartier. Mais aussi des règles architecturales bien définies pour donner une image de marque à ce nouveau quartier.
Crédit photo @Eric Raimondeau

On se trouve donc face à un secteur dans lequel le paysage urbain sera, à terme, complétement renouvelé.

Il est intéressant de noter que ce projet prend déjà en compte un certain nombre des thématiques de l’urbanisme récent telle qu’il a été défini par de nouvelles lois ces dernières années comme la loi Climat et Résilience du 21 août 2021. On les retrouve au travers des objectifs fixés à ce projet :

  • Renouveler et requalifier un quartier en friche,
  • Valoriser le site exceptionnel des bassins à flot, son identité de quartier et sa valeur patrimoniale,
  • Permettre le prolongement et le retournement des quais vers les bassins afin d’assurer une continuité urbaine avec le centre-ville,
  • Expérimenter des méthodes et outils pour un urbanisme négocié,
  • Promouvoir les modes de déplacements actifs, partager l’espace,
  • Développer l’offre de logements, notamment sociaux, en centre-ville,
  • Renforcer le potentiel économique du site,
  • Assurer la continuité des espaces de loisirs entre les aménagements des quais et le lac,
  • Un réseau chaleur privé permettant de disposer de 70% d’énergie renouvelable pour alimenter les constructions

(+ Exemplarité énergétique avec le développement d’un réseau de chaleur urbain, 70% minimum d’approvisionnement en énergies renouvelables)

Un programme ambitieux :

Sur ce vaste site c’est en tout 700 000m² de constructions nouvelle en mixant les logements et les fonctions.

442 00m² de logements soit environ 5400 logements,

  • 95 000m² de tertiaire,
  • 57 000m² de commerces,
  • 81 000m² d’activités diverses
  • 25 000m² d’équipements d’intérêt collectif.

Un programme d’équipements publics accompagnera l’aménagement de ce nouveau morceau de ville sous la forme d’espaces publics (exemple avec les voies nouvelles) et d’équipements publics du quartier. Tous ces équipements représentent un montant d’investissement de 128,9M€

Pour financer ces aménagements publics et faire participer les constructeurs à leur financement la communauté urbaine de Bordeaux a instauré en 2010 un programme d’aménagement d’ensemble (Instauré avant l’extinction juridique de ce dispositif en 2012)

Retrouvez ci-dessous le diaporama complet présenté.


La trame verte de Bordeaux

En début d’après-midi Laure Mathieussent de l’agence d’urbanisme Bordeaux aquitaine a’urba et Lucie Figura de Bordeaux Métropole ont présenté la démarche qualité engagée autour de la trame verte de bordeaux

La démarche s’est engagée sur un diagnostic de la totalité de la trame verte de Bordeaux qu’il s’agisse des arbres d’alignement, des parcs, jardins, squares de proximité etc etc

En ces temps de réchauffement climatique les collectivités doivent anticiper l’augmentation des températures lié au dérèglement climatique.

Bordeaux s’est donc lancé dans une démarche anticipatrice. Cette démarche passe par la nécessite de protéger les arbres remarquables existants et dans un bon état phytosanitaire. Certes, cela passe par le nécessité de renouveler le patrimoine végétal existant mais cela passe aussi par la nécessité impérative de planter de nouveaux sujets pour procéder au renouvellement des végétaux vieillissants ou malades.

Le but pour la ville, en ces temps de réchauffement climatique, c’est de lutter efficacement contre les îlots de chaleur urbain en perméabilisant et en végétalisant les espaces publics.

Au travers des cheminements piétons qui irriguent la ville, tous les bordelais devront pouvoir se déplacer en marchant sur des parcours ombragés.

La démarche initiée est intéressante car elle va jusqu’ à accompagner la végétalisation des jardins privatifs individuels et collectifs. Ils ont un rôle à jouer sur la couverture végétale de la vile.

Des contraintes sont également mises en place pour contraindre les porteurs de projets privés à verdir leurs réalisations.

La présentation de cette démarche a été clôturée par les visites des places Gambetta et Pey-Berland. Un bon moyen, avec ces cas concrets d’aménagement, d’illustrer les interventions de la ville sur ces espaces publics avec de nombreuses contraintes liées soit aux site patrimonial remarquable mais aussi aux contraintes liées au site classé à l’Unesco et à la présence de nombreux réseaux souterrains.

Crédit Photo @Eric Raimondeau

Retrouver ci-dessous le diaporama complet présenté lors de l’intervention.

A lire aussi l’article publié dans Le Monde du 13 novembre 2022 : Les Bassins à flot de Bordeaux, laboratoire de ville libérale

Le mardi 8 mars c’est la Mairie de Libourne qui nous accueillait.

Ingrid Voisin-Chadoin DGA à la mairie mais aussi urbaniste avait participé à l’organisation de cette journée.

Nous avons été très bien accueilli dans une magnifique salle de la mairie.

La matinée a été l’occasion de présenter le partenariat avec le CEREMA sur l’« Elaboration d’un plan nature en ville ».

Le projet urbain de Libourne, ville confluente, s’article autour de 5 sites différents les uns des autres à savoir :. Plaine des Daguets, Cœur de bastide, La Gare et l’Epinette, Les casernes, les quais et les berges.

L’objectif assigné à ces cinq sites, c’est de participer à la revitalisation de la ville au travers d’une vision transversale et globale autour de cinq thématiques principales et tout en prenant en compte leur spécificités propres  :

Habitat, patrimoine et culture, commerces et services, Mobilités et déplacements, espaces publics.

Près de 3000 arbres ont été plantés car la nature en ville est au service de l’adaptation au changement climatique en milieu urbain. Cela passe aussi par la réduction des îlots de chaleur urbaine et la désimperméabilisation des sols

La requalification, et le projet de végétalisation, d’une cour d’école de 9 classes nous a été présentée par l’atelier CLAP Paysagiste. Ce projet a été co-construit avec l’ensemble des acteurs concernés, les enseignants, les jardiniers de la ville, les enfants etc. Un bon moyen d’introduire les visites qui se sont déroulées l’après-midi.

Après-midi au cours de laquelle, les participants ont pu découvrir le projet des quais et berges et la place A. Surchamp notamment.

Retrouvez ci-dessous le diaporama sur la projet urbain de Libourne

De retour à la mairie de Libourne, l’EIEP a été clôturée par Nicolas Michelin notre « Grand Témoin » de ces deux journées. L’architecte urbaniste nous a présenté sa méthode pour « faire la ville », selon des bonnes pratiques qu’il détaille dans son essai « L’inconcevable : penser la ville après ». Il s’agit pour les professionnels que nous sommes d’être capables de réinterroger nos méthodes de travail et de changer de paradigme pour faire face aux immenses défis qui nous attendent.

Retrouvez ci-dessous le diaporama sur le réaménagement de la cour d’école

Retrouvez ci-dessous le diaporama sur le partenariat Libourne/Cerema La nature en ville au service de l’adaptation au changement climatique

Des collègues adhérent(es) à l’association Urbanistes des Territoires ont participé à l’organisation de cet 3e ème édition.

D’autres sont intervenu(es) au cours des différentes présentations. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés à savoir :

Virginie Sidorov Limoges Métropole, Ingrid Voisin-Chadoin (Ville de Libourne), Emeline Dumoulin (Bordeaux Metropole), Lucie Figura, Laure Mathieussent (A urba), Catherine Benevent (Bordeaux Métropole), Claire Lhôte (Bordeaux Métropole), Erika Lay (Bordeaux Métropole), Nathalie Maurice (Ville de Libourne), Stéphanie Querio (Atelier CLAP), Florian Bonino (Atelier CLAP), Sylvère Million (Ville de Libourne), Anne-Lise Nonin (Ville de Libourne), Blandine Machelon (Ville de Libourne), Nicolas Michelin – architecte-urbaniste.

Remerciements également aux adhérent(es) et sympathisant.(es) qui ont participé à ces deux journées d’étude

30 juillet 2022

L’album des deux journées en quelques photos

Eric RAIMONDEAU

Eric RAIMONDEAU

Gérant de l'agence UTOPIES URBAINES

J’ai créé l’agence Utopies Urbainespour partager mon expertise et la transmettre au travers des expériences que j’ai pu acquérir en direction des élus locaux mais aussi  des fonctionnaires des communes ou intercommunalités lors de sessions de la formation continue ou initiale. Ce site veut aussi être un relais pour des offres d’emploi proposées par les collectivités territoriales.

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